La danse électro : entre héritage et renouveau, un mouvement en pleine mutation

Parmi les danses urbaines, la danse électro a su tracer son propre chemin, entre clubbing et battle, underground et structuration institutionnelle.

Rencontre avec Jihane et Hamza, figures de la scène électro en France, engagés dans le développement et la reconnaissance de cette discipline encore jeune.

Une danse qui transcende les étiquettes

Si le hip-hop et le breakdance sont nés dans la rue, l’électro, elle, tire ses racines des clubs parisiens des années 2000. Pourtant, son identité ne se limite pas à l’imaginaire collectif associé à la Tecktonik. « La Tecktonik, c’est une marque qui a permis de médiatiser la danse électro, mais la danse existait avant et continue d’évoluer aujourd’hui », explique Jihane. Avec le temps, cette pratique a su s’émanciper des stigmates liés à ce phénomène de mode pour s’imposer comme une véritable discipline artistique, structurée autour de battles, d’événements et de formations reconnues. « Avant, on nous demandait tout le temps si on faisait de la Tecktonik. Aujourd’hui, la danse électro est identifiée comme un style à part entière », affirme Jihane, présidente de l’association Citelectro.

Une scène en pleine expansion

En France, la danse électro gagne progressivement ses lettres de noblesse. Des danseurs sont invités sur des showcases, participent à des performances aux côtés d’artistes électroniques, et des formations commencent à voir le jour. « On a maintenant des formations reconnues, comme la Capsule, qui permettent d’apprendre les bases et d’approfondir le style », précise Hamza. Les événements organisés par la communauté participent aussi à cet essor. « Notre marque, c’est Cité Electro Jam, un événement international qui réunit des danseurs du monde entier. Mais on fait aussi des actions locales, notamment à Stains, en collaboration avec des structures sociales », soulignent Hamza et Jihane.

Une danse en constante évolution

Ce qui distingue l’électro, c’est aussi son énergie communicative. « On a la meilleure ambiance dans la danse urbaine ! », lance Jihane en riant. « On est une petite communauté, donc tout le monde se connaît, il y a une véritable entraide. » Si les danseurs ont longtemps été reconnaissables à leur style vestimentaire très marqué, aujourd’hui, l’électro se diversifie et s’inspire d’autres styles de danse. « Avant, on faisait juste des mouvements. Maintenant, on a développé des bases, des noms de mouvements, une véritable technique », analyse Jihane. L’électro s’exporte aussi à l’international, avec des scènes en plein essor au Japon et en Corée du Sud.

L’histoire de la danse électro : entre club et underground

L’électro danse trouve ses racines dans le Paris des années 2000, au sein des clubs et des raves électroniques. Inspirée par le voguing, la house dance et certaines influences du hip-hop, elle se caractérise par des mouvements rapides et fluides, mettant en avant les bras et les mains. Le tournant médiatique a lieu avec l’émergence de la Tecktonik, un mouvement commercial qui popularise l’esthétique de la danse électro à travers des clips et des événements dédiés, notamment le Vertifight. Si la vague Tecktonik retombe, la danse électro poursuit son développement sous des formes plus structurées, avec la création de battles internationaux et de formations pour les nouvelles générations. Aujourd’hui, des organisations comme The LRC, Rythmic Crew ou E-Queenz Community participent activement à cette expansion, en organisant des compétitions et en promouvant l’électro sur la scène internationale.

Vers un avenir plus structuré

« C’est une danse jeune, on a seulement 18 ans d’existence. Le hip-hop ou le break ont 50 ou 60 ans d’histoire », rappelle Hamza. Mais avec l’engouement croissant pour la culture électronique et l’apparition de nouvelles scènes, la danse électro pourrait bien devenir un incontournable des danses urbaines. « On veut vraiment montrer tout ce que cette danse peut apporter. Elle a un avenir immense. Peut-être qu’un jour, on verra un DJ mondialement connu mixer pour un battle électro ! », rêve Hamza. Pour suivre cette évolution, la communauté recommande de s’intéresser aux événements et aux collectifs engagés. « Cherchez, suivez les organismes actifs, regardez les battles. Et surtout, venez voir par vous-mêmes. Vous comprendrez pourquoi l’électro est une danse unique », concluent nos deux danseurs.

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