DGTL contre le voyeurisme numérique : quand le dancefloor devient un décor pour likes
Le festival DGTL a récemment pris position aujourd’hui contre une dérive qui gangrène de plus en plus les scènes électroniques : le partage non consenti d’images de danseurs et de danseuses sur les réseaux sociaux. Dans un statement publié cette semaine, le festival néerlandais dénonce une tendance « pas très réjouissante » : filmer des gens simplement en train de danser, d’être eux-mêmes, pour ensuite les exposer à la moquerie ou au jugement public.
“Our dance floors are built on freedom, expression, and connection… Let’s keep them joyful, respectful, and free.” – DGTL
Ce message, clair et nécessaire, résonne dans un contexte où tout le monde veut devenir « créateur de contenu », souvent sans se poser la moindre question sur les limites à ne pas franchir. Ce n’est plus seulement une question de droit à l’image, mais de respect de la dignité, d’intimité, et de ce que représente encore (parfois) une fête : un espace où l’on peut se lâcher, se reconnecter, sans être regardé, évalué, ou piégé par un algorithme.
L’éthique, ce mot oublié
Aujourd’hui, beaucoup aspirent à devenir influenceur de teuf. Pourtant, combien respectent vraiment les codes éthiques élémentaires du journalisme ou de la photographie professionnelle ?
Une éthique claire, ce serait :
– Respecter l’intégrité et la vie privée des autres.
– Refuser toute rémunération pour dire artificiellement du bien d’un lieu, d’un artiste, d’un événement.
– Se documenter, comprendre ce qu’on montre, et ne pas simplement recycler des clichés.
Mais la quête de popularité en ligne a fait passer ces principes au second plan. Ce qui compte, c’est de “faire du contenu” — peu importe les moyens, tant que ça génère des vues. Quitte à filmer des gens sans leur consentement, à exposer leur corps, leurs gestes ou leur gêne, pour un effet de viralité instantané.
Le dancefloor comme décor
Ce phénomène trahit aussi une transformation du public. Là où le dancefloor était autrefois un lieu de communauté et d’expression, il devient aujourd’hui un décor de spectacle, un théâtre d’apparences où l’on vient consommer de l’image autant que de la musique.
De plus en plus de gens vont en soirée non pas pour la musique, mais parce que “ça tabasse” et que ça rend bien sur les réseaux. On ne s’y rend plus pour faire partie d’une scène, mais pour s’auto-documenter dans un lieu « cool », avec des artistes dont on ne connaît ni le nom, ni le label, ni même le style.
Revenir à l’essentiel
Le message de DGTL est donc bien plus qu’un rappel à l’ordre : c’est une tentative de recentrer la fête sur ce qu’elle devrait être. Un moment de lâcher-prise. Un espace où l’on danse pour soi, et pas pour une story. Une scène où la culture prime sur la performance sociale.
“Getting back to the essence means returning to the original philosophy of partying: celebrating without fear of judgment, without unintentionally becoming the main character in a viral video.”
Parce qu’au fond, cette scène s’est construite sur des valeurs simples : le respect, la liberté, la connexion humaine. Et pas sur des likes.