Pour celles et ceux qui se demandent ce qui pousse encore les passionnés à plonger dans les profondeurs de l’underground, enfilez vos bottes de combat et préparez-vous à explorer : parlons de la business techno et de la hard techno.
La scène électronique n’est pas d’accord. D’un côté, la “business techno” envahit les plus grandes scènes du monde, portée par des DJs qui capitalisent sur une culture en s’éloignant de ses valeurs fondamentales. De l’autre, la “hard techno” fait fureur sur TikTok, séduisant un public très jeune avec ses rythmes frénétiques et ses codes flashy.
Mais paradoxalement, ces deux courants, souvent critiqués pour leur commercialisation à outrance, pourraient bien être les catalyseurs d’une renaissance de l’underground. Comment ? Plongeons au cœur de ce phénomène.
La “business techno” : quand la musique devient entreprise
Qu’est-ce que la “business techno” ? Ce sont ces DJs et producteurs qui ont transformé la techno en un produit de luxe. Voyages en jets privés, collaborations avec des marques de haute couture, présence omniprésente sur les réseaux sociaux, cachets exorbitants : tout est orchestré pour créer une image de marque. La musique, souvent une techno simplifiée, sert de toile de fond à une mise en scène où le paraître l’emporte sur l’authenticité.
Cette approche commerciale de la musique électronique s’éloigne des valeurs originelles du mouvement techno, né dans les entrepôts désaffectés de Detroit et les clubs berlinois underground. À l’époque, la techno était un moyen d’expression pour les marginalisés, un espace de liberté et d’expérimentation loin des conventions du mainstream.
La “hard techno” : l’essor sur TikTok
Parallèlement, la “hard techno” connaît une popularité fulgurante, notamment grâce à TikTok. Mais attention, il ne s’agit ni de hardcore, ni de hardstyle, encore moins de gabber. C’est une version édulcorée de ces genres, mélangeant des kicks empruntés à l’EDM, des sets courts et percutants, une esthétique visuelle flashy. Les artistes de hard techno adoptent les codes vestimentaires et communicationnels propres aux réseaux sociaux, visant un public très jeune et avide de sensations fortes.
Si cette démocratisation peut sembler positive, elle s’accompagne d’une simplification extrême de la musique et d’une méconnaissance de son histoire et de ses racines culturelles.
Une scène en perte de repères
La scène électronique a explosé dans toutes les directions, parfois jusqu’à l’excès. Avant la pandémie, on se plaignait déjà des cachets exorbitants de certains artistes, créant des inégalités criantes et un fossé entre les têtes d’affiche et les artistes émergents. Hier, c’étaient les téléphones brandis en soirée, perturbant l’expérience collective et l’immersion dans la musique. Aujourd’hui, c’est un public qui ne respecte plus les codes du PLUR (Peace, Love, Unity, Respect), fondamentaux de la culture rave.
Sans céder au refrain du “c’était mieux avant”, les passionnés se tournent vers un renouveau de l’underground, cherchant à retrouver l’authenticité et la sincérité qui ont fait les heures de gloire de la musique électronique. Ils explorent de nouveaux horizons, soutiennent des artistes émergents et fréquentent des lieux qui préservent l’essence même de cette culture.
Le retour à l’underground authentique
Face à cette saturation, une nouvelle dynamique émerge. Les passionnés se tournent vers les DJs qui ne sont DJs que le week-end, pour qui jouer reste une passion et non un moyen de gagner leur vie. Ces artistes consacrent leur temps libre à découvrir de nouveaux sons, à expérimenter, sans pression commerciale. Leur motivation première est l’amour de la musique et le désir de partager cette passion avec un public réceptif.
Les clubs qui persistent à rester fidèles à leur direction artistique, malgré les difficultés économiques et les tentations du profit facile, attirent à nouveau. Ces lieux, souvent intimistes, offrent une expérience musicale sincère, loin des artifices et de la superficialité.
La réappropriation par les minorités et les personnes FLINTA
Un autre aspect crucial de cette renaissance est la réappropriation de la scène par les minorités et les personnes FLINTA (Femmes, Lesbiennes, Intersexes, Non-binaires, Transgenres, Agentes). En créant leurs propres espaces, en organisant des événements inclusifs et en mettant en avant la diversité, elles redonnent à la musique électronique sa dimension politique et contestataire.
Ces initiatives permettent de recentrer la musique sur ses valeurs originelles : l’inclusion, le respect, la célébration des différences. Elles offrent une alternative à une scène mainstream souvent uniformisée et excluante.
Creuser pour trouver des pépites
Pour soutenir cette dynamique, il est essentiel de s’ouvrir à l’inconnu, de sortir des sentiers battus. Il faut accepter de “diguer”, de chercher activement de nouveaux artistes, de fréquenter des lieux moins médiatisés, de donner une chance aux événements indépendants.
En renouant avec l’esprit de découverte, on participe à la revitalisation de l’underground. On contribue à créer une scène plus riche, plus diverse, plus authentique.
Un paradoxe salvateur
Ironiquement, c’est l’excès de la “business techno” et de la “hard techno” qui pourrait sauver l’underground. En poussant à l’extrême la commercialisation et la superficialité, ces courants provoquent une réaction chez les passionnés, qui cherchent à retrouver l’essence de la musique électronique.
Ce paradoxe montre que la vitalité de la scène réside dans sa capacité à se renouveler, à se réinventer face aux dérives. L’underground n’est pas mort, il se transforme, porté par ceux qui refusent de se conformer à une norme imposée.
En fin de compte, la “business techno” et la “hard techno” pourraient bien, malgré elles, être les catalyseurs d’une renaissance de l’underground. Elles incitent à une prise de conscience, à un retour aux sources, à une réappropriation de la musique par ceux qui la vivent avec passion.
Il est temps de creuser, de découvrir, de soutenir les artistes et les lieux qui font vivre l’underground. Et de se retrouver sur le dancefloor, entre passionnés qui veulent simplement danser, partager, vibrer, sans artifice ni superficialité.
ENGLISH
The Business and Hard Techno Paradox: Could They Save the Underground?
For those wondering what still draws passionate souls into the depths of the underground, lace up your combat boots and get ready to explore: let’s talk about business techno and hard techno.
The electronic scene is buzzing. On one side, “business techno” dominates the world’s biggest stages, led by DJs who capitalize on a culture while straying from its foundational values. On the other, “hard techno” is taking TikTok by storm, captivating a very young audience with its frenetic rhythms and flashy aesthetics.
Paradoxically, these two currents, often criticized for their excessive commercialization, might just be the catalysts for an underground renaissance. How so? Let’s dive into this phenomenon.
“Business Techno”: When Music Becomes Enterprise
What is “business techno”? It’s those DJs and producers who have turned techno into a luxury product. Private jets, collaborations with high-fashion brands, omnipresence on social media, exorbitant fees: everything is orchestrated to create a brand image. The music, often simplified techno, serves as a backdrop to a performance where appearance trumps authenticity.
This commercial approach departs from the original values of the techno movement, born in the abandoned warehouses of Detroit and the underground clubs of Berlin. Back then, techno was a means of expression for the marginalized, a space for freedom and experimentation away from mainstream conventions.
“Hard Techno”: The Rise on TikTok
Meanwhile, “hard techno” is experiencing explosive popularity, notably thanks to TikTok. But beware, it’s neither hardcore, nor hardstyle, nor gabber. It’s a watered-down version of these genres, mixing kicks borrowed from EDM, short and punchy sets, flashy visual aesthetics. Hard techno artists adopt the fashion and communication codes inherent to social media, targeting a very young audience eager for intense sensations.
While this democratization might seem positive, it comes with an extreme simplification of the music and a lack of awareness of its cultural roots and history.
A Scene Losing Its Bearings
The electronic scene has exploded in all directions, sometimes to excess. Before the pandemic, complaints about exorbitant artist fees were already common, creating glaring inequalities and a gap between headliners and emerging artists. Yesterday, it was the sea of phones held up at events, disrupting the collective experience and immersion in the music. Today, it’s an audience that no longer respects the PLUR (Peace, Love, Unity, Respect) ethos, fundamental to rave culture.
Without falling into the cliché of “things were better before,” it’s clear that these drifts are pushing many enthusiasts to seek something else. They aspire to rediscover the authenticity, innovation, and sharing that strengthened the underground scene.
Returning to Authentic Underground
In response to this saturation, a new dynamic is emerging. Passionate individuals are turning towards DJs who are only DJs on weekends, for whom playing remains a passion, not a livelihood. These artists dedicate their free time to discovering new sounds, experimenting without commercial pressure. Their primary motivation is the love of music and the desire to share this passion with a receptive audience.
Clubs that persist in staying true to their artistic direction, despite economic difficulties and the lure of easy profit, are attracting attention once more. These venues, often intimate, offer a sincere musical experience, far from artifice and superficiality.
Reappropriation by Minorities and FLINTA Individuals
Another crucial aspect of this revival is the reappropriation of the scene by minorities and FLINTA individuals (Female, Lesbian, Intersex, Non-binary, Transgender, Agender). By creating their own spaces, organizing inclusive events, and highlighting diversity, they restore the political and countercultural dimension of electronic music.
These initiatives help refocus music on its original values: inclusion, respect, celebration of differences. They offer an alternative to a mainstream scene that is often homogenized and exclusionary.
Digging to Find Gems
To support this dynamic, it’s essential to open up to the unknown, to step off the beaten path. It means being willing to dig, to actively seek out new artists, to frequent less publicized venues, to give independent events a chance.
By reconnecting with the spirit of discovery, we participate in revitalizing the underground. We contribute to creating a richer, more diverse, more authentic scene.
A Paradox That Saves
Ironically, it’s the excess of “business techno” and “hard techno” that might save the underground. By pushing commercialization and superficiality to the extreme, these currents provoke a reaction among enthusiasts who seek to rediscover the essence of electronic music. This paradox shows that the vitality of the scene lies in its ability to renew itself, to reinvent in the face of drifts. The underground is not dead; it transforms, carried by those who refuse to conform to an imposed norm.
Ultimately, “business techno” and “hard techno” might, despite themselves, be the catalysts for an underground renaissance. They encourage awareness, a return to roots, a reappropriation of music by those who live it passionately.
It’s time to dig, to discover, to support the artists and venues that keep the underground alive. And to meet again on the dancefloor, among enthusiasts who simply want to dance, share, and vibrate, without artifice or superficiality.
Perhaps the excesses of commercialization are exactly what we needed to reignite the true spirit of electronic music. The underground isn’t gone—it’s just waiting to be rediscovered by those willing to look beyond the surface.