
Ibiza pirate : 15 radios clandestines en roue libre
À Ibiza, il y a les clubs, les sunset sets, les DJs superstars tous les soir, la gastronomie locale… et une ribambelle de radios pirates qui émettent en toute détente, alors que les autorités serrent la vis sur les DJ sets en plein air ou les taxis non déclarés. Pas de licence, pas de règles, mais beaucoup de sons, de pubs et de cash. On en a compté au moins 23 sur la FM, et encore, c’est qu’un début. (Source)
Pendant que les radios légales rament pour rester dans les clous, d’autres squattent les ondes en mode « YOLO hertzien ». On les capte sur 87.6, 94.4, 106.0… Des noms qui claquent : Ibiza Sonica, Loca FM, Ibiza Live Radio. Certaines émettent depuis des cabanes perchées sans permis de construire. Vibe très “on monte une antenne avec deux potes et une rallonge”.
Mais derrière les good vibes, c’est un business très réel : pubs vendues en dessous de la table, visibilité offerte aux soirées, audience touristique assurée. Et zéro contrôle. Certaines brouillent même les fréquences radio de l’aéroport.
Mais aucune licence, aucune redevance, aucune fiscalité et aucun retour aux artistes via la Sacem locale (SGAE). Un gain à 100 %, dans l’illégalité totale. Une zone de non-droit rentable qui prospère dans une indifférence quasi générale. Face à elles, les radios légales qui paient, déclarent, subissent les audits et respectent les quotas luttent pour exister. Les autorités ? Elles regardent ailleurs. Enquêtes ouvertes mais pas bouclées, excuses administratives à rallonge, sanctions promises à 200 000 euros… mais toujours rien à l’horizon.
Sur le papier, Ibiza compte 17 radios FM officiellement autorisées, dont :
Cadena 100
Europa FM
Kiss FM
Onda Cero
Los 40
Ibiza Global radio
- Pure Ibiza radio
IB3 Ràdio (publique des Baléares)
Radio Nacional de España (publique nationale)
Pendant ce temps-là : le grand ménage… ailleurs
C’est là que la contradiction devient frappante. En parallèle de ce chaos radiophonique, les autorités ibicencs appliquent une politique de tolérance zéro sur des sujets bien plus symboliques. En juin 2025, la nouvelle tombe : fin des DJ sets à Sa Trinxa, bar légendaire de Las Salinas. Motif : protection du parc naturel. La musique ne s’arrête pas, mais les DJ, eux, sont priés de débrancher. Le coup est rude. Une pétition rassemble des milliers de signatures. En vain.
Même combat contre les taxis pirates, régulièrement sanctionnés.
Comme un retour aux radios libres ? Pas tout à fait.
Oui, il y a une résonance. Dans les années 80, la France a connu l’explosion des radios libres, d’abord interdites, puis tolérées, puis légalisées. Un vent de liberté qui a bousculé les normes et donné la voix à ceux qui n’en avaient pas. On pourrait croire qu’Ibiza vit le même moment.
Mais ici, il ne s’agit pas de liberté d’expression ni de contre-culture. Il s’agit de business. De rendre visible un événement, de vendre du son, de créer de l’audience monétisable. Et ce, sans les contraintes imposées aux autres.
Quelques fréquences pirates à Ibiza :
88.4 – Unid
91.4 – Radio Radio Network
95.2 – Ibiza Sonica
103.7 – Ibiza Live Radio
106.0 – Passion Ibiza Radio
(+ bien d’autres selon les locaux)
Ibiza est une jungle sonore. Et pour l’instant, les radios pirates y dansent tranquilles. Certains crient à la concurrence déloyale. D’autres y voient une forme de résistance DIY. Mais une chose est sûre : le spectre est saturé, et tout le monde veut sa part d’antenne.


