THE NACHTCLUBSBERLIN INTERVIEW
Quand j’ai découvert le compte de Sabrina, j’ai été immédiatement captivée par la force des témoignages qu’elle recueille. Loin des portraits réalisés en studio, ses interviews abordent des sujets aussi sombres que profondément spirituels. Sans doute est-ce là la différence entre le public parisien et celui de Berlin : cette capacité à plonger dans l’intime pour mieux éclairer ce qui nous relie. Loin de toute critique, c’est plutôt le reflet d’une scène berlinoise qui a eu plus de temps pour se développer, oser l’excès et en explorer chaque recoin.
Sabrina puise dans son histoire personnelle pour mettre en lumière celles des autres. Nous vous invitons à la suivre et à participer aux discussions sous ses vidéos—car chaque parole échangée éclaire un peu plus notre compréhension de l’autre… et de nous-mêmes.
Je m’appelle Sabrina Jeblaoui, je suis une créative française vivant à Berlin depuis 7 ans et demi ! Je suis Poissons, avec un ascendant Taureau et une Lune en Verseau—profondément connectée à ma spiritualité et toujours en quête de vérité, de relations significatives et d’une compréhension plus profonde du monde.
Je me décrirais comme quelqu’un de positif, d’ouvert d’esprit, un peu rebelle et visionnaire. Bien sûr, je ne serais pas complète sans reconnaître mes côtés plus sombres, qui font aussi partie de moi !
Je suis passionnée par l’humanité, la psychologie, la pensée alternative et j’espère donner vie à des projets créatifs et axés sur la communauté. J’organise régulièrement des cercles de femmes à Berlin, afin de créer des espaces sûrs pour la réflexion et la croissance. Bientôt, je vais lancer une newsletter sur Berlin pour partager du contenu inspirant et sélectionner les meilleurs événements et lieux à explorer… J’envisage aussi peut-être un podcast pour plonger encore plus profondément dans le parcours des gens.
Te souviens-tu de la toute première interview que tu as réalisée ?
Ma toute première interview était avec Sofia, une Mexicaine qui vit à Berlin. J’ai commencé avec mon ancienne amie Viviane, qui m’a aidée à filmer et à monter les premières vidéos. Je pense que c’était il y a environ deux ans, pendant l’été, à Tempelhofer Feld. C’était une expérience tellement positive que ça m’a donné envie de continuer.
Qu’est-ce que ces interviews ont changé dans ta façon de voir le monde, ou simplement Berlin ?
Le fait de mener ces interviews m’a permis de me connecter plus en profondeur avec les gens, en tête-à-tête. C’est un moyen pour moi de partager ma propre vérité et mes réflexions à travers la voix des autres. Elles m’ont aidée à ouvrir davantage mon esprit et à mieux comprendre différentes perspectives. C’est tellement puissant de découvrir quelqu’un en profondeur et de le voir dans sa vulnérabilité, avec toutes ses insécurités. Ça me permet d’être moi-même, et j’imagine que c’est réciproque.
Tu parles souvent d’addiction. Pourrais-tu nous parler de ton propre parcours à ce sujet ?
Mes parents étaient toxicomanes et dealers de drogue, et j’ai été placée en famille d’accueil à cause de ça. J’ai expérimenté plusieurs formes d’addiction : alcool, cigarette, téléphone, et drogue lorsque je consommais chaque week-end à Berlin. Je ne me considérais pas comme accro jusqu’à ce que je commence mon chemin de guérison et réalise que j’endurcissais ma douleur avec différentes substances pendant tant d’années…
Même si je ne consommais pas seule chez moi en semaine, j’éprouvais le besoin d’appartenir à un groupe et je prenais des drogues tous les week-ends en club. Pour moi, c’est ça l’addiction. C’est devenu tellement normalisé dans la société actuelle, et je ressens de plus en plus la mission de parler de ce sujet et de sensibiliser les gens.
Quelles interviews t’ont le plus touchée ?
Je pense que ce sont celles avec Nicholas, Elisa et Erika, parce qu’on a abordé des sujets profonds comme la drogue, les abus sexuels et la mort. Chaque interview est unique et fascinante à sa façon : parfois je m’amuse beaucoup, et d’autres fois les témoignages sont profondément émouvants. Mais j’ai le sentiment que chaque personne reflète un aspect de moi-même ou de ma propre histoire…
BERLIN
Qu’est-ce qui t’a poussée à vouloir documenter et interviewer des gens à Berlin ?
Il y avait plusieurs raisons… J’en avais un peu marre de prendre des photos de gens devant des clubs (après en avoir fait plus de 400…^^) et, de mon côté, j’ai grandi : je suis devenue coach de vie, j’adore poser des questions profondes aux gens… Je voulais faire évoluer ce projet en même temps que j’évoluais moi-même, et donner la parole aux gens. C’était vraiment important pour moi de commencer à m’exprimer sur ça.
As-tu déjà entendu quelque chose qui t’a fait penser : “OK, là c’est trop, même pour Berlin” ?
Trop de drogue — même pour Berlin, lol.
La vie nocturne de Berlin a toujours eu une dimension politique—vois-tu la scène club comme une forme de protestation sociale ou plutôt un refuge pour la contre-culture ? Et penses-tu que ton travail est politique d’une certaine manière ?
Pour être honnête, je ne pense pas que la culture club soit encore une sous-culture. Depuis 2020, j’ai l’impression que les clubs sont devenus de vraies entreprises. Je ne suis pas sûre qu’ils soient aussi politiques qu’avant, surtout à partir de 2020, quand ils ont commencé à appliquer les règles à la lettre, sans rien remettre en question.
Les clubs à Berlin restent des lieux où l’on peut s’explorer, se connecter à des gens qui cherchent à se sentir libres, et danser sur de la bonne musique… Mais je ne pense plus qu’ils soient assez rebelles pour être considérés comme « une forme de protestation sociale ».
Tout le monde parle de la vie nocturne berlinoise, mais qu’est-ce qui la rend vraiment à la hauteur de sa réputation ?
Selon moi, ce succès vient de plusieurs facteurs : les meilleurs DJs y jouent, la règle stricte d’interdiction de téléphone rend la fête plus libre, certains clubs ont un système sonore incroyable, le style des gens est unique, il y a une vraie diversité sociale, on peut avoir des conversations profondes dans les toilettes ou sur un canapé, et on y ressent peu de jugement.
Les gens viennent ici pour éprouver un sentiment de liberté, sortir de la société pendant quelques heures, et fuir la réalité qu’elle propose, où tout le monde se sent égal.
THE PROCESS
Comment choisis-tu tes questions ? Tu discutes un peu avec la personne avant ? Quel est ton processus éditorial ?
Je ne prépare jamais mes questions à l’avance—j’aime travailler de manière intuitive et spontanée ! En général, je prends un café avec la personne avant, pour discuter de ce qu’elle veut partager, puis on commence à filmer. Pour ce qui est de publier, je le fais quand je le sens. Il n’y a pas de structure ou de formule précise, désolée 🙂
Y a-t-il des gens qui te sollicitent pour être interviewés ?
Oui, certaines personnes me contactent pour être interviewées, et si elles ont quelque chose d’intéressant à raconter et que je me sens en phase avec leur message, je suis ravie de les mettre en avant. Cependant, en général, je préfère choisir moi-même les gens à interviewer.
Les gens peuvent être très durs ou grossiers dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Comment gères-tu cela ?
Je supprime les pires commentaires qui sont purement méchants et je garde ceux qui expriment un désaccord, tant qu’ils restent respectueux. J’essaie toujours de répondre avec bienveillance, mais certains jours c’est plus difficile, lol. Sinon, les commentaires ne m’affectent plus vraiment parce que je sais que les gens projettent simplement leur propre mal-être.
THE FUTURE
As-tu d’autres projets en cours ?
Je vais lancer une newsletter sur Berlin, continuer à animer mes cercles de femmes, coacher des personnes en individuel, poursuivre la photo de portraits et d’événements, et je pense aussi à lancer un véritable podcast pour explorer encore plus en profondeur l’histoire des gens !