Inscrire le son dans l’espace, c’est le nouveau pari de Horst festival avec un projet hors du commun, un « ciel noir » de son de 174 enceintes suspendues, accueillant 3000 ravers sur 40m dancefloor.  Une distribution égalitaire du son, une révolution loin d’être silencieuse…

Sur la scène Dark Skies du festival Horst, en Belgique, toute la scène recompose la perception sensorielle de la fête. Ici, le DJ ne domine plus la foule,  il est un point parmi d’autres, fondu dans une architecture sonore totale. Une révolution qui fait du bruit impulsée par les architectes Leopold Banchini et Giona Bierens de Haan est en cours, et elle passe par le haut. Cette nouvelle grammaire sensorielle invite les ravers à se saisir de l’espace, sans coloniser le devant de la scène.  C’est un projet de liberté qui vient rebattre les cartes du dancefloor en le rendant encore plus juste, dans le fond mais aussi dans la forme. Loin d’être seulement un projet artistique, il est surtout symbolique parce qu’il permet à la foule d’être une seule foule, unie, dansante, saisissante.  Et mieux protégée des nuisances sonores ! 

«  Le système son doit être à la hauteur du DJ » 

Loin de vouloir effacer le DJ, c’est plutôt pour lui rendre hommage par le son et seulement  le son, que ce projet est né en étroite collaboration entre le DJ DVS1 et les architectes. Finalement est-ce qu’on reviendrait pas à l’essentiel ? C’est aussi un geste de réaffirmation culturelle de la part du festival qui nous rappelle les valeurs fondamentales de la rave : la liberté, le partage et le son. 

« (…) On a pensé qu’il fallait vraiment partir sur le son. Dans les premières discussions qu’on a eu, on s’est toute suite dit qu’il fallait engagé un producteur ou un DJ. Et c’est là que DVS1 est rentré dans la partie, et on a vraiment pensé et architecturé ce projet ensemble » confirme Leopold Banchini dans une interview à Resident advisor.

 

A la croisée des arts et de la technique

C’est un projet d’orfèvres musicaux, où l’intelligence collective est de mise, chacun apportant savoir et expérience pour créer le meilleur moment possible : chaque enceinte, chaque géométrie de surface sont calculées avec précision et fonctionnent en lien avec le logiciel Network Manager de L-acoustics pour tester le système avant qu’il ne soit installé pour affiner la conception. Rien que ça ! 

Avec une promesse entièrement DIY et loin des logiques commerciales, l’installation célèbre la simplicité, l’économie et la durabilité. L’infrastructure est composée de bois noir imprégné, de  panneaux de plafond récupérés lors de la rénovation du parc Asiat, ainsi que de tôles ondulées, tandis que les bases de colonnes sont en acier et dalles de béton préfabriquées.

Rien n’est décoratif tout à un but, celui de rendre l’expérience encore plus immersive que la musique de l’est déjà, un bel hommage à la culture rave l’inscrivant dans une dimension intersectionnelle. Car oui, l’architecture n’est pas le seul art célébré par le festival qui propose des expositions d’arts visuels mais aussi des performances sur l’iconique Rain room invitant les festivaliers à l’expression mais aussi à la rencontre et l’interaction. Tous les sens sont mobilisés. 

Finalement tout est pensé pour réunir autour de la seule chose qui compte vraiment : la musique. 

Sources :

Certains éléments techniques, citations et détails du projet sont extraits de l’article original publié par Resident Advisor, “The Art of Sound launches with the next frontier in sonic architecture”, avril 2025 and Horst festival website.

photo credit : Willem Mevis ( Horst 2017)  et Eline Willaert ( Horst 2024)