Organiser des événements plus sûrs : un guide ou un coup de com ?
Resident Advisor et Good Night Out viennent de lancer un outil pratique pour les organisateur·ices de soirées : un toolkit (dispo en fr/en/DE/ES/Pt) censé aider à réduire les violences sexistes et sexuelles, promouvoir le consentement et rendre la fête plus inclusive. Au programme : définitions, check-lists, conseils pour briefer une équipe, zones de repos, réduction des risques liés aux drogues, communication claire avec le public.
Sur le papier, difficile de critiquer : ce sont des ressources utiles, accessibles, et qui rappellent que la fête ne peut pas être libératrice si elle reste un espace de peur et d’agressions. Beaucoup de promoteur·ices indépendants n’ont ni les moyens ni le temps de développer ce type de politique, donc avoir un guide clé en main peut accélérer les choses.
Mais la réalité est plus complexe. On voit fleurir ces dernières années une avalanche de labels, chartes et formations “safe” dans le milieu festif. Leur efficacité repose sur deux choses rarement présentes : une réelle volonté politique de couper les ponts avec les agresseurs, et des moyens concrets pour soutenir les victimes. Or, dans les faits, trop de DJs continuent de jouer avec des agresseurs notoires, trop de clubs accueillent des promoteurs tant qu’il n’y a pas de condamnation judiciaire, et trop de victimes se retrouvent isolées, menacées ou décrédibilisées quand elles osent parler.
Un guide est une base. Mais tant qu’il n’y aura pas de cohérence entre discours et pratiques, dans les line ups, les bookers, la gestion des cas de violences, , le risque est que ces initiatives restent des vitrines marketing, rassurantes à la surface, mais inefficaces sur le fond.
En clair : mieux vaut un toolkit que rien, mais ne nous laissons pas bercer par les apparences. La transformation réelle de la nuit passe moins par des PDFs que par des choix courageux.

